Sisyphe
" Sisyphe, agité par de cruels tourments, s'offre à mes regards; il roule un énorme rocher et le pousse avec ses pieds et ses mains jusqu'au sommet d'une énorme montagne.
Mais dès que la roche est près d'atteindre à la cime, une force supérieure la repousse en arrière et l'impitoyable pierre retombe de tout son poids dans la plaine.
Sisyphe recommence sans cesse à pousser la roche avec effort, la sueur coule de ses membres, et des tourbillons de poussière s'élèvent au-dessus de sa tête.
L'atelier d'écriture qui nous a été proposé est sur ce thème. Nous devions écrire un texte, un monologue intérieur, en se mettant à la place de Sisyphe ou d'une partie du paysage comme la pente ou la roche.
Voici mon monologue vu par le rocher :
Je suis ta punition pour avoir voulu vivre. Ta haine de la mort a été la plus forte et tu en paye le prix. Je me demande ce que tu peux ressentir à me pousser jusqu'au sommet de cette montagne encore et encore. Tes mains saignent et tes épaules sont écorchées. Chaque voyage que tu fais meurtri encore plus ta chair. Penses-tu que cela en vaut la peine? Je te vois souffler, peiner, n'as-tu pas envie que tout ces efforts vains s'arrêtent?
Je suis un rocher, une simple pierre mais toi qui peut penser, comment se fait-il que tu ne réagisses pas? Pas de cris, pas de colère, de désespoir. Tu ne montres aucune émotion. Es-tu heureux d'être vivant au point de souffrir autant?
Je me demande combien de temps tu pourras résister à ce supplice et quelle en sera l'issue. Peut-être bien la mort après de grandes souffrances, y as-tu pensé?
J'ai hâte de savoir quand tout cela s'arrêtera car, pour ma part, j’aimerai que cela cesse. Penses-tu que je vais m'user à force de dévaler cette pente et que ton calvaire va finir? Je ne suis pas vivant mais je tiens à rester sur cette terre et je n'ai pas demandé à subir tout cela. J'aimerai être tranquille comme je l'étais avant ta venue.